Le Berger et la Mer
Lancelot Théodore Turpin de Crissé (1782-1859)
Paris ?, 1827
Huile sur toile
Présentée au Salon de Paris en 1827, cette œuvre illustre une fable de Jean de la Fontaine (1621–1695) intitulée Le Berger et la Mer ; fable sur le thème de la recherche de la richesse facile, des risques encourus et des déconvenues possibles.
Dans sa conception générale, cette peinture semble hésiter entre classicisme et romantisme. La référence à la littérature ancienne, le message moral, la composition claire et statique, propre aux œuvres de Turpin de Crissé, renvoient à la culture classique et au classicisme dans l’expression picturale. Mais il s’agit aussi d’une image romantique : la figure du berger, petit dans un paysage vierge et immense, dénudé au milieu des animaux et des roches, suggère une pureté retrouvée, une sorte d’innocence, d’une humilité choisie ; notions correspondant à la morale de la fable autant qu’à une vision romantique. La paix, par le renoncement aux richesses, semble acquise pour le berger, dans un environnement ensoleillé, paisible, sur fond de mer calme. Le côté candide, presque virginal, de l’homme nu dans la nature est aussi une référence à l’Antiquité.
L’œuvre s’impose par sa valeur poétique, correspondant aux messages ci-dessus mentionnés, mais aussi au traitement fin et précis des buissons et des rochers, aux teintes douces, aux arrière-plans bleu clair. Le travail sur la lumière, les transparences, les roches dans l’ombre ou délicatement éclairées, sont une autre priorité de Turpin de Crissé. Le peintre montre un bonheur retrouvé, dans l’esprit d’une sorte de romantisme apaisé, propre à ce peintre que sa formation classique et son éducation ne poussent pas à l’expression des passions et du drame.
Preuve du succès de l’œuvre aux yeux du public, une estampe sera réalisée par le lithographe et marchand d’estampes Augustin-François Lemaître (1797-1870) et exposée au Salon de 1837.