«Vie des œuvres» de la Maison des Lumières


VOIR LA VIE DES OEUVRES DU MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE

Pour l’ouverture de la Maison des Lumières Denis Diderot, les musées et les médiathèques de Langres ont réalisé de nouvelles acquisitions. D’autres œuvres ont été déposées ou prêtées par de grands musées partenaires. L’ouverture du musée consacré à Denis Diderot a été aussi l’occasion d’une campagne de restauration de la quasi-totalité des œuvres présentées. Quelques donations complètent le parcours permanent.

  1. Jean-Baptiste Deshays (1729-1765)

    Saint-Victor renversant l’autel des faux dieux

    Jean-Baptiste Deshays remporte le Grand prix en 1751 et suit les cours de l’École royale des élèves protégés, afin de parfaire sa formation avant son départ pour Rome en 1754. De retour en France en 1758, il est agréé à l’Académie royale, puis reçu, comme peintre d’histoire, en 1759, année qui marque le début de sa carrière officielle et son entrée très remarquée au Salon.
    Deshays est l’un des artistes les plus appréciés de Denis Diderot : « J’avais bien de l’impatience d’arriver à Deshays. Ce peintre, mon ami, est à mon sens le premier peintre de la nation. […] » Cette esquisse prépare une grande peinture présentée au Salon de 1761 (et aujourd’hui détruite). Voici ce que Diderot pense de la toile en question : « Il y a des passions bien difficiles à rendre ; presque jamais on ne les a vues dans la nature. Où donc en est le modèle ? où le peintre les trouve-t-il ? qu’est-ce qui me détermine, moi, à prononcer qu’il a trouvé la vérité ? Le fanatisme et son atrocité muette règnent sur tous les visages du tableau de Saint Victor ; elle est dans ce vieux préteur qui l’interroge, et dans ce pontife qui tient un couteau qu’il aiguise, et dans le saint dont les regards décèlent l’aliénation d’esprit, et dans les soldats qui l’ont saisi et qui le tiennent ; ce sont autant de têtes étonnées. Comme ces figures sont distribuées, caractérisées, drapées ! comme tout en est simple et grand ! l’affreuse, mais la belle poésie ! […] ».
    L’ensemble du commentaire livre des indications sur les ressorts intellectuels et artistiques de Diderot dans son activité de critique d’art. Les clés de regard du philosophe sont ici parfaitement identifiables : la capacité à rendre les « passions » par la peinture, la capacité des figures à exprimer les sentiments, la puissance expressive (« comme tout en est simple et grand ! ») et le drame (« Il imagine des choses frappantes »), la justesse de la composition, la capacité à « bien imaginer », ou les références historiques et littéraires (ici avec des vers de Corneille).

    Paris, 1760 sans doute
    Huile sur toile
    Acquis grâce à l’aide de l’État et de la Région Grand Est
    (Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées)

  2. Joseph VERNET

    La Source abondante et Les Occupations du rivage

    Afin de renouveler et d’enrichir le parcours permanent de la Maison des Lumières Denis Diderot, deux nouveaux tableaux ont été acquis en mai dernier. Réalisées par l’atelier du célèbre peintre Joseph Vernet, ces deux œuvres forment une paire et sont intitulées La Source abondante et Les Occupations du rivage.

    Peinte en 1766 et présentée lors du Salon de l’Académie royale de peinture, au Louvre, en 1767, cette paire reçue une critique élogieuse de la part de Diderot. En effet, c’est à la suite de cette exposition que le philosophe écrivit le célèbre commentaire intitulé La promenade de Vernet, prenant la forme d’une balade imaginaire à l’intérieur des tableaux.
    Artiste particulièrement apprécié de Diderot, Joseph Vernet est donc désormais présent en bonne place dans les collections des musées de Langres, notamment grâce à l’aide de l’État (Fonds du Patrimoine), de la Région Grand Est et au mécénat de l’entreprise Plastic Omnium.